Beschrijving
Cet article est dédié à l’étude d’une transaction réalisée au crépuscule de la vie de deux grands bibliophiles et mécènes belges, Jules Vandenpeereboom et Raoul Warocqué, tous deux morts à la fin de la première guerre mondiale, en 1917. Séparés par une vision du monde totalement opposée (le premier était un catholique, le second libéral), ces deux hommes partageaient toutefois le même amour des livres. Passionné par les arts anciens, le droit et l’histoire, Vandenpeereboom a rassemblé, en amateur éclairé, une imposante collection d’œuvres d’art et de livres anciens dans sa maison à Anderlecht, non loin de Bruxelles. Dernier descendant d’une riche famille d’industriels ayant bâti leur fortune dans l’industrie charbonnière, Raoul Warocqué fut un collectionneur dans l’âme et acquit des collections variées allant des antiquités des mondes méditerranéens aux porcelaines de la manufacture de Tournai, en passant par l’archéologie hainuyère, les dentelles, les dinanderies et les armures; sans oublier les livres dont la collection fut conçue comme un microcosme de l’histoire culturellemondiale. Toutes ces richesses, il les installa en son château de Mariemont, en Hainaut. Les deux hommes se sont engagés en politique avec des fortunes différentes. Vandenpeereboom, après avoir été ministre à plusieurs reprises, deviendra un éphémère chef de l’État, tandis que Warocqué se limitera à un mandat de député à la Chambre des représentants. L’amour des livres, bien plus que la res publica, va permettre aux deux bibliophiles de se rencontrer. Cette rencontre se situe dans le courant de l’année 1916. Les deux hommes s’investissent au service des démunis, mais Vandenpeereboom n’est pas aussi fortuné que Warocqué et se voit contraint de céder quelques pièces de sa collection. Un intermédiaire contactera le député hainuyer pour lui vendre plusieurs incunables, une enluminure et des ouvrages anciens. Les sommes seront réinvesties aux services des populations frappées par la guerre. L’étude de cette transaction aura permis de lever le voile sur des réseaux internes de la bibliophilie difficilement perceptibles pour l’historien, ceux des mouvements de livres interpersonnels en dehors des sentiers balisés des ventes publiques.