Description
Plantin-Moretus permet de connaître le détail du fonctionnement d’une maison d’édition, ses ateliers, son aire d’activité, son volume d’affaires. Elle révèle aussi la personnalité de Christophe Plantin, fondateur d’une grande entreprise. L’imprimeur anversois a mené pendant longtemps plusieurs négoces. Ce fut un homme de réseaux, un esprit religieux…
Le présent article porte sur les activités annexes de ce grand marchand en France. Plantin a entretenu un cercle de relations, cultivé des protecteurs, dans son pays d’origine. De récentes études ont précisé l’action qu’il a menée pour diffuser en France la doctrine de la Famille de la Charité. On traite ici des amis et des appuis de Plantin, de quelques familistes, en ajoutant aux sources anversoises des sources françaises (sources d’archives et études récentes).
Ceux que Plantin considère comme ses amis à Paris peuvent être identifiés. L’un des plus importants fut Pierre Gassen. Plantin a travaillé comme facteur en lingeries fines et dentelles pour ce mercier. Dans ce négoce, décrit par Mme Risselin-Steenebrugen et portant sur des sommes élevées, Plantin a trouvé son premier partenaire français d’envergure. Sont précisés les liens avec l’ami Gassen, qui a facilité pendant vingt ans les échanges financiers de Plantin avec Paris, puis s’est éloigné.
Aux côtés de Pierre Porret et de Pierre Gassen a fonctionné un petit groupe d’artisans et marchands, Français et Flamands établis en France, avec qui Plantin a eu un lien personnel, accompagné ou non d’une relation d’affaires. C’est un réseau d’amis, présents aux grands moments de la vie. Une notice est proposée pour chaque membre de ce groupe, dont on décrit l’évolution. Les liens sont forts. Un réseau de solidarités unit encore les descendants. Mais seuls Pierre Gassen et Michel Sonnius ont eu une envergure financière. À ce titre, ils furent des hommes clés du dispositif plantinien en France, sans être comparables aux appuis que Plantin a trouvé à Anvers.
Un grand éditeur avait besoin de patronages pour défendre ses intérêts. Pour trouver des appuis, Plantin pouvait adresser des dédicaces et faire des dons de livres à des Français. Les premières sont peu nombreuses. Les seconds ne sont que partiellement connus. En revanche, on peut recenser des relations mobilisables. Plantin lui même a entretenu un lien avec le chevalier d’Angoulême, bâtard d’Henri II, nommé grand prieur de l’Ordre de Malte en 1567. Plantin et Gassen ont travaillé pour le chevalier de Seure, homme de la reine mère, membre du conseil du roi et personnage important de la première maison de Monsieur, duc d’Alençon puis d’Anjou. Porret est fort lié avec Toussaint Barrin, chef du conseil des domaines des Montmorency. L’apothicaire a également un ami chez le grand prieur: Jean Patot, sieur du Lac.
Quelques familistes parisiens cités dans la Correspondance de Plantin n’étaient pas identifiés. En connaissance du réseau des amis de Plantin, la relecture des lettres permet d’avancer des noms. Cenovillius est en fait Courvillius, le musicien Thibault de Courville, aumônier du roi en même temps que Toussaint Barrin. À notre avis, M. de Montherbie est M. de Montherbu, homme d’affaires, qui fait acheter des oeuvres d’art pour son hôtel. Le peintre Jean Rasin est Jean Cousin le Jeune. M. Dutacmois est M. du Lac, membre de la maison du chevalier d’Angoulême et ami de Porret.